Le soir même, Henriette retourna à Remilly ; et, trois jours plus tard, elle eut la joie de voir, un matin, le père Fouchard rentrer à la ferme tranquillement, comme s’il revenait à pied de conclure un marché dans le voisinage. Il s’assit, il mangea un morceau de pain, avec du fromage. Puis, à toutes les questions, il répondit sans hâte, de l’air d’un homme qui n’avait jamais eu peur. Pourquoi donc l’aurait-on retenu ? il n’avait rien fait de mal. Ce n’était pas lui qui avait tué le Prussien, n’est-ce pas ? Alors, il s’était contenté de dire aux autorités : » Cherchez, moi je ne sais rien. » Et il avait bien fallu le lâcher, ainsi que le maire, puisqu’on n’avait pas de preuves contre eux. Mais ses yeux de paysan rusé et goguenard luisaient, dans sa joie muette d’avoir roulé tous ces sales bougres, dont il commençait à en avoir assez, à présent qu’ils le chicanaient sur la qualité de sa viande.