Mais, à ce moment, comme l’ennemi, de l’autre côté du vallon, paraissait en effet se replier, une fusillade terrible éclata sur la gauche. C’était l’éternel mouvement tournant, tout un détachement de la garde qui avait fait le tour par le Fond de Givonne. Dès lors, la défense de l’Ermitage devenait impossible, la douzaine de soldats qui en défendaient encore les terrasses se trouvaient entre deux feux, menacés d’être coupés de Sedan. Des hommes tombèrent, il y eut un instant de confusion extrême. Déjà des Prussiens franchissaient le mur du parc, accouraient par les allées, en si grand nombre, que le combat s’engagea, à la baïonnette. Tête nue, la veste arrachée, un zouave, un bel homme à barbe noire, faisait surtout une besogne effroyable, trouant les poitrines qui craquaient, les ventres qui mollissaient, essuyant sa baïonnette rouge du sang de l’un, dans le flanc de l’autre ; et, comme elle se cassa, il continua, en broyant des crânes, à coups de crosse ; et, comme un faux pas le désarma définitivement, il sauta à la gorge d’un gros Prussien, d’un tel bond, que tous deux roulèrent sur le gravier, jusqu’à la porte défoncée de la cuisine, dans une embrassade mortelle. Entre les arbres du parc, à chaque coin des pelouses, d’autres tueries entassaient les morts. Mais lalutte s’acharna devant le perron, autour du canapé et des fauteuils bleu ciel, une bousculade enragée d’hommes qui se brûlaient la face à bout portant, qui se déchiraient des dents et des ongles, faute d’un couteau pour s’ouvrir la poitrine.