Une page d'amour

Une page d'amour (paragraphe n°786)

Partie : Partie 2, chapitre III

C'était là tout ce qu'ils osaient ; mais ces paroles, les premières venues, prenaient une douceur infinie. Souvent, à partir de ce jour, il la trouva seule, dans le crépuscule. Malgré eux, sans qu'ils en eussent conscience, leur familiarité devenait alors plus grande. Ils parlaient d'une voix changée, avec des inflexions caressantes qu'ils n'avaient pas quand on les écoutait. Et cependant, lorsque Juliette arrivait, rapportant la fièvre bavarde de ses courses dans Paris, elle ne les gênait toujours pas, ils pouvaient continuer la conversation commencée, sans avoir à se troubler ni à reculer leurs sièges. Il semblait que ce beau printemps, ce jardin où les lilas fleurissaient, prolongeât en eux le premier ravissement de la passion.

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