Son Excellence Eugène Rougon

Son Excellence Eugène Rougon (paragraphe n°459)

Chapitre III

Cependant, le chevalier Rusconi, assis de nouveau devant le piano, cherchait un air, tapant doucement les touches, chantonnant à demi-voix des paroles italiennes. Monsieur La Rouquette s'éventait avec son mouchoir. Clorinde, très sérieuse, avait repris sa pose. Et Rougon, dans le recueillement subit qui s'était fait, marchait à petits pas, de long en large, regardant les murs. La galerie se trouvait encombrée d'une étonnante débandade d'objets ; des meubles, un secrétaire, un bahut, plusieurs tables, poussés au milieu, établissaient un labyrinthe d'étroits sentiers ; à une extrémité, des plantes de serre chaude, reléguées, culbutées les unes contre les autres,agonisaient, avec leurs palmes vertes pendantes, déjà toutes mangées de rouille ; tandis que, à l'autre bout, s'amoncelait un gros tas de terre glaise séchée, dans lequel on reconnaissait encore les bras et les jambes émiettés d'une statue que Clorinde avait ébauchée, mordue un beau jour du caprice d'être une artiste. La galerie, très vaste, n'avait en réalité de libre qu'un espace restreint devant une des baies, sorte de vide carré transformé en petit salon par deux canapés et trois fauteuils dépareillés.

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