Son Excellence Eugène Rougon

Son Excellence Eugène Rougon (paragraphe n°2077)

Chapitre X

On monta, à gauche, une légère pente ; puis, on redescendit. On était arrivé. C'était un creux dans les terres, le cul-de-sac d'un étroit vallon, une sorte de trou étranglé entre trois coteaux qui faisaient muraille. De la campagne environnante, en levant les yeux, on ne voyait, sur le ciel clair, que les carcasses crevées de deux moulins en ruine. Là, au fond, au milieu d'un carré d'herbe, une tente était dressée, de la toile grise bordée d'un large galon rouge, avec des trophées de drapeaux, sur les quatre faces. Un millier de curieux venus à pied, des bourgeois, des dames, des paysans du quartier, s'étageaient à droite, du côté de l'ombre, le long de l'amphithéâtre formé par un des coteaux. Devant la tente,un détachement du 78e de ligne se trouvait sous les armes, en face des pompiers de Niort, dont le bel ordre était très remarqué ; tandis que, au bord de la pelouse, une équipe d'ouvriers, en blouses neuves, attendaient, ayant à leur tête des ingénieurs boutonnés dans leurs redingotes. Dès que les voitures se montrèrent, la société philharmonique de la ville, une société composée d'instrumentistes amateurs, se mit à jouer l'ouverture de La Dame blanche.

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