Nana
Nana (paragraphe n°2869)
Chapitre XIV
Puis, elle retomba dans sa contemplation, sans un geste, sans une parole. Tout à l'heure on pourrait la regarder peut-être ; et les trois femmes rejoignirent les autres devant la cheminée. Simonne et Clarisse discutaient sur les diamants de la morte, à voix basse. Enfin, existaient-ils, ces diamants ? personne ne les avait vus, ça devait être une blague. Mais Léa de Horn connaissait quelqu'un qui les connaissait ; oh ! des pierres monstrueuses ! D'ailleurs, ce n'était pas tout, elle avait rapporté bien d'autres richesses de Russie, des étoffes brodées, des bibelots précieux, un service de table en or, jusqu'à des meubles ; oui, ma chère, cinquante-deux colis, des caisses énormes, de quoi charger trois wagons.Ça restait en gare. Hein ? pas de chance, mourir sans avoir même le temps de déballer ses affaires ; et ajoutez qu'elle avait des sous avec ça, quelque chose comme un million. Lucy demanda qui héritait. Des parents éloignés, la tante sans doute. Une jolie tuile pour cette vieille. Elle ne savait rien encore, la malade s'était obstinée à ne pas la faire prévenir, lui gardant rancune de la mort de son petit. Alors, toutes s'apitoyèrent sur le petit, en se souvenant de l'avoir aperçu aux courses : un bébé plein de mal, et qui avait l'air si vieux et si triste ; enfin un de ces pauvres mioches qui n'ont pas demandé à naître.