Nana
Nana (paragraphe n°2391)
Chapitre XII
Vers une heure du matin, dans le grand lit drapé de point de Venise, Nana et le comte ne dormaient pas encore. Il était revenu le soir, après une bouderie de trois jours. La chambre, faiblement éclairée par une lampe, sommeillait, chaude et toute moite d'une odeur d'amour, avec les pâleurs vagues de ses meubles de laque blanche, incrustée d'argent. Un rideau rabattu noyait le lit d'un flot d'ombre. Il y eut un soupir, puis un baiser coupa le silence, et Nana, glissant des couvertures, resta un instant assise au bord des draps, les jambes nues. Le comte, la tête retombée sur l'oreiller, demeurait dans le noir.