Le Ventre de Paris
Le Ventre de Paris (paragraphe n°228)
Chapitre II
Le mariage eut lieu le mois suivant. Le quartier le trouva naturel, tout à fait convenable. On connaissait vaguement l'histoire du trésor, la probité de Lisa était un sujet d'éloges sans fin ; après tout, elle pouvait ne rien dire à Quenu, garder les écus pour elle ; si elle avait parlé, c'était par honnêteté pure, puisque personne ne l'avait vue. Elle méritait bien que Quenu l'épousât. Ce Quenu avait de la chance, il n'était pas beau, et il trouvait une belle femme qui lui déterrait une fortune. L'admiration alla si loin, qu'on finit par dire tout bas que " Lisa était vraiment bête d'avoir fait ce qu'elle avait fait. " Lisa souriait, quand on lui parlait de ces choses à mots couverts. Elle et son mari vivaient comme auparavant, dans une bonne amitié, dans une paix heureuse. Elle l'aidait, rencontrait ses mains au milieu des hachis, se penchait au-dessus de son épaule pour visiter d'un coup d'œil les marmites. Et ce n'était toujours que le grand feu de la cuisine qui leur mettait le sang sous la peau.