Le Rêve
Le Rêve (paragraphe n°763)
Chapitre X
Et, Monseigneur, ce n'est pas seulement lui que j'aime, j'aime encore la noblesse de son nom, l'éclat de sa royale fortune... Oui, je sais que, n'étant rien, n'ayant rien, j'ai l'air de le vouloir pour son argent ; et, c'est vrai, c'est aussi pour son argent que je le veux... Je vous dis cela, puisqu'il faut que vous me connaissiez... Ah ! devenir riche par lui, avec lui, vivre dans la douceur et la splendeur du luxe, lui devoir toutes les joies, être libres de notre amour, ne plus laisser de larmes, plus de misères, autour de nous !... Depuis qu'il m'aime, je me vois vêtue de brocart, comme dans l'ancien temps ; j'ai au cou, aux poignets, des ruissellements de pierreries et de perles ; j'ai des chevaux, des carrosses, de grand bois où je me promène à pied, suivie par des pages... Jamais je nepense à lui, sans recommencer ce rêve ; et je me dis que cela doit être, il a rempli mon désir d'être reine. Monseigneur, est-ce donc vilain, de l'aimer davantage, parce qu'il comblera tous mes souhaits d'enfant, les pluies d'or miraculeuses des contes de fées ?