Le Rêve
Le Rêve (paragraphe n°452)
Chapitre VII
J'ai été méchante, c'est bien vrai. On est si sotte, quand on ne sait pas ! On fait des choses qu'on croit nécessaires, on a peur d'être en faute, dès qu'on obéit à son cœur. Mais que j'ai eu des remords ensuite, que j'ai souffert de votre souffrance !... Si je voulais expliquercela, je ne pourrais pas sans doute. Lorsque vous êtes venu, avec votre dessin de sainte Agnès, j'étais enchantée de travailler pour vous, je me doutais bien que vous reviendriez chaque jour. Et, voyez un peu, j'ai affecté l'indifférence, comme si je prenais à tâche de vous chasser de la maison. On a donc le besoin de se rendre malheureux ? Tandis que j'aurais voulu vous accueillir les mains ouvertes, il y avait, au fond de mon être, une autre femme qui se révoltait, qui avait crainte et méfiance de vous, qui se plaisait à vous torturer d'incertitude, dans l'idée vague d'une querelle à vider, dont elle aurait oublié la cause très ancienne. Je ne suis pas toujours bonne, il repousse en moi des choses que j'ignore... Et, le pis, certes, est que je vous ai parlé d'argent. Ah ! l'argent, moi qui n'y ai jamais songé, qui en accepterais seulement de pleins chariots pour la joie d'en faire pleuvoir où je voudrais ! Quel amusement de malice ai-je pu prendre à me calomnier ainsi ? Me pardonnerez-vous ?