Le Rêve
Le Rêve (paragraphe n°4)
Chapitre I
Mais, lorsque le vent enfilait la rue, la neige fouettait de face, des paquets blancs menaçaient de barrer le seuil ; et l'enfant, alors, se garait sur les côtés, contre les vierges posées au-dessus du stylobate de l'ébrasement. Ce sont les compagnes d'Agnès, les saintes qui lui serventd'escorte : trois à sa droite, Dorothée, nourrie en prison de pain miraculeux, Barbe, qui vécut dans une tour, Geneviève, dont la virginité sauva Paris ; et trois à sa gauche, Agathe, les mamelles tordues et arrachées, Christine, torturée par son père, et qui lui jeta de sa chair au visage, Cécile, qui fut aimée d'un ange. Au-dessus d'elles, des vierges encore, trois rangs serrés de vierges montent avec les arcs des claveaux, garnissent les trois voussures d'une floraison de chairs triomphantes et chastes, en bas martyrisées, broyées dans les tourments, en haut accueillies par un vol de chérubins, ravies d'extase au milieu de la cour céleste.