Le Rêve
Le Rêve (paragraphe n°281)
Chapitre V
A partir de cette journée, chaque fois qu'Angélique ouvrit sa fenêtre, elle aperçut Félicien, en bas, dans le Clos-Marie. Il avait le prétexte du vitrail, il y vivait, sans que le travail avançât le moins du monde. Pendant des heures, il s'oubliait derrière un buisson, allongé sur l'herbe, guettant entre les feuilles. Et cela était très doux, d'échanger un sourire, matin et soir. Elle, heureuse, n'en demandait pas davantage. La lessive ne devait revenir que dans trois mois, la porte du jardin, jusque-là, resterait close. Mais, à se voir quotidiennement, ce serait si vite passé, trois mois ! et puis, y avait-il un bonheur plus grand que de vivre de la sorte, le jour pour le regard du soir, la nuit pour le regard du matin ?