Le Rêve
Le Rêve (paragraphe n°1006)
Chapitre XIII
Et toute sa bouche n'était plus qu'un calice d'innocence, car c'était, cette fois, le pardon des basses satisfactions du goût, la gourmandise, la sensualité du vin et du miel, le pardon surtout des crimes de la langue, l'universelle coupable, la provocatrice, l'empoisonneuse, celle qui fait les querelles, les guerres, les erreurs, les paroles fausses dont le ciel lui-même est obscurci. Et la gourmandise n'avait jamais été son vice, elle en était venue, comme Elisabeth, à se nourrir, sans distinguer les aliments. Et, si elle vivait dans l'erreur, c'était son rêve qui l'y avait mise, l'espoir de l'au-delà, la consolation de l'invisible, tout ce monde enchanté que créait son ignorance et qui faisait d'elle une sainte.