Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°993)

Chapitre VIII

Mais ce fut surtout la vieille madame Rougon qui entra dans une indignation exaspérée. Elle avait cessé d'aller chez son fils, en apprenant que le mariage de Clotilde avec le docteur Ramond était rompu. On se moquait d'elle, on ne se rendait à aucun de ses désirs. Puis, après un grand mois de rupture, pendant lequel elle n'avait rien compris aux airs apitoyés, aux condoléances discrètes, aux sourires vagues qui l'accueillaient partout, elle venait brusquement de tout savoir, un coup de massue en plein crâne. Et elle qui, lors de la maladie de Pascal, cette histoire de loup-garou, vivant dans l'orgueil et la peur, avait tempêté pour ne pas redevenir la fable de la ville ! C'était pis cette fois, le comble du scandale, uneaventure gaillarde dont on faisait des gorges chaudes ! De nouveau, la légende des Rougon était en péril, son malheureux fils ne savait décidément qu'inventer pour détruire la gloire de la famille, si péniblement conquise. Aussi, dans l'émotion de sa colère, elle qui s'était faite la gardienne de cette gloire, résolue à épurer la légende par tous les moyens, mit-elle son chapeau et courut-elle à la Souleiade, avec la vivacité juvénile de ses quatre-vingts ans. Il était dix heures du matin.

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