Le Docteur Pascal
Le Docteur Pascal (paragraphe n°867)
Chapitre VII
Cet aveu involontaire arracha un mouvement à Clotilde, qui les regarda, comme si, par la force même des circonstances, elle les eût comparés l'un à l'autre. Ramond avait sa tête souriante et superbe de beau médecin adoré des femmes, sa barbe et ses cheveux noirs, puissamment plantés, tout l'éclat de sa virile jeunesse. Et Pascal, lui, sous ses cheveux blancs, avec sa barbe blanche, cette toison de neige, si touffue encore, gardait la beauté tragique des six mois de tortures qu'il venait de traverser. Sa face douloureuse avait un peu vieilli, il ne conservait que ses grands yeux restés enfants, des yeux bruns, vifs et limpides. Mais, à ce moment,chacun de ses traits exprimait une telle douceur, une bonté si exaltée, que Clotilde finit par arrêter son regard sur lui, avec une profonde tendresse. Il y eut un silence, un petit frisson qui passa dans les cœurs.