Le Docteur Pascal
Le Docteur Pascal (paragraphe n°862)
Chapitre VII
La nuit fut si abominable pour Pascal, qu'il se leva tard, en prétextant que ses migraines l'avaient repris. Il n'éprouvait de soulagement que sous l'eau glacée de la douche. Puis, vers dix heures, il sortit, il parla d'aller lui-même chez Ramond. Mais cette sortie avait un autre but : il connaissait, chez une revendeuse de Plassans, tout un corsage en vieux point d'Alençon, une merveille qui dormait là, dans l'attente d'une folie généreuse d'amant ; et l'idée lui était venue, au milieu de ses tortures de la nuit, d'en faire cadeau à Clotilde, qui en garnirait sa robe de noces. Cette idée amère de la parer lui-même, de lafaire très belle et toute blanche pour le don de son corps, attendrissait son cœur, épuisé de sacrifice. Elle connaissait le corsage, elle l'avait admiré un jour avec lui, émerveillée, ne le souhaitant que pour le mettre, à Saint-Saturnin, sur les épaules de la Vierge, une antique Vierge de bois, adorée des fidèles. La revendeuse le lui livra dans un petit carton, qu'il put dissimuler et qu'il cacha, en rentrant, au fond de son secrétaire.