Le Docteur Pascal
Le Docteur Pascal (paragraphe n°651)
Chapitre V
Pourquoi ? mais pour rien... C'est vrai, je n'ai rien à te cacher... Tu vois ce qui est écrit là : " Clotilde, née en 1847. Election de la mère. Hérédité en retour, avec prédominance morale et physique de son grand-père maternel... " Rien n'est plus net. Ta mère l'a emporté en toi, tu as son bel appétit, et tu as également beaucoup de sa coquetterie, de son indolence parfois, de sa soumission. Oui, tu es très femme comme elle, sans trop t'en douter, je veux dire que tu aimes à être aimée. En outre, ta mère était une grande liseuse de romans, une chimérique qui adorait rester couchée des journées entières, à rêvasser sur un livre ; elle raffolait des histoires de nourrice, se faisait faire les cartes, consultait les somnambules ; et j'ai toujours pensé que ta préoccupation du mystère, ton inquiétude de l'inconnu venaient de là... Mais ce qui achève de te façonner, en mettant chez toi une dualité, c'est l'influence de ton grand-père, le commandant Sicardot. Je l'ai connu, il n'était pas un aigle, il avait au moins beaucoup de droiture et d'énergie. Sans lui, très franchement, je crois que tu ne vaudrais pas grand-chose, car les autresinfluences ne sont guère bonnes. Il t'a donné le meilleur de ton être, le courage de la lutte, la fierté et la franchise.