Le Docteur Pascal
Le Docteur Pascal (paragraphe n°595)
Chapitre IV
Par une nuit lourde de la fin de septembre, Pascal ne put dormir. Il ouvrit l'une des fenêtres de sa chambre, le ciel était noir, quelque orage devait passer au loin, car l'on entendait un continuel roulement de foudre. Il distinguait mal la sombre masse des platanes, que des reflets d'éclair, par moments, détachaient, d'un vert morne, dans les ténèbres. Et il avait l'âme pleine d'une détresse affreuse, il revivait les dernières mauvaises journées, des querelles encore, des tortures de trahisons et de soupçons qui allaient grandissantes, lorsque, tout d'un coup, un ressouvenir aigu le fit tressaillir. Dans sa peur d'être pillé, il avait fini par porter toujours sur lui la clef de la grande armoire. Mais, cette après-midi-là,souffrant de la chaleur, il s'était débarrassé de son veston, et il se rappelait avoir vu Clotilde le pendre à un clou de la salle. Ce fut une brusque terreur qui le traversa : si elle avait senti la clef au fond de la poche, elle l'avait volée. Il se précipita, fouilla le veston qu'il venait de jeter sur une chaise. La clef n'y était plus. En ce moment même, on le dévalisait, il en eut la nette sensation. Deux heures du matin sonnèrent ; et il ne se rhabilla pas, resta en simple pantalon, les pieds nus dans des pantoufles, la poitrine nue sous sa chemise de nuit défaite ; et, violemment, il poussa la porte, sauta dans la salle, son bougeoir à la main.