Le Docteur Pascal
Le Docteur Pascal (paragraphe n°593)
Chapitre IV
Pascal eut une heure de défaillance, de désespérance absolue. Il se demandait à quoi bon lutter, puisque toutes ses affections s'alliaient contre lui. Cette Martine qui se serait jetée dans le feu, sur un simple mot de sa part, et qui le trahissait ainsi, pour son bien ! Et Clotilde, liguée avec cette servante, complotant dans les coins, se faisant aider par elle à lui tendre des pièges ! Maintenant, il était bien seul, il n'avait autour de lui que des traîtresses, on empoisonnait jusqu'à l'air qu'il respirait. Ces deux-là encore, elles l'aimaient, il serait peut-être venu à bout de les attendrir ; mais, depuis qu'il savait sa mère derrière elles, il s'expliquait leur acharnement, il n'espérait plus les reprendre. Dans sa timidité d'homme qui avait vécu pour l'étude, à l'écart des femmes, malgré sa passion, l'idée qu'elles étaient trois à le vouloir, à le plier sous leur volonté, l'accablait. Il en sentait toujours une derrière lui ; quand il s'enfermait dans sa chambre, il les devinait de l'autre côté du mur ; et elles le hantaient, lui donnaient la continuelle crainte d'être volé de sa pensée, s'il la laissait voir au fond de son crâne, avant même qu'il la formulât.