Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°592)

Chapitre IV

Ce jour-là, Félicité s'en alla hors d'elle ; et, comme elle rencontra Martine à la porte de la maison, devant les platanes, elle se soulagea, sans savoir que Pascal, qui venait de passer dans sa chambre, dont les fenêtres étaient ouvertes, entendait tout. Elle exhalait son ressentiment, jurait d'arriver quand même à s'emparer des papiers et à les détruire, puisqu'il ne voulait pas en faire volontairement le sacrifice. Mais ce qui glaça le docteur, ce fut la façon dont Martine l'apaisait, d'une voix contenue. Elle était évidemment complice, elle répétait qu'il fallait attendre, ne rien brusquer, que Mademoiselle et elle avaient fait le serment de venir à bout de Monsieur, en ne lui laissant pas une heure de paix. C'était juré, on le réconcilierait avec le bon Dieu, parce qu'il n'était pas possible qu'un saint homme comme Monsieur restât sans religion. Et les voix des deux femmes baissèrent, ne furent bientôt plus qu'un chuchotement, un murmure étouffé de commérage et de complot, où il ne saisissait que des mots épars, des ordres donnés, des mesures prises, un envahissement de sa libre personnalité. Lorsque sa mère partit enfin, il la vit, avec son pas léger et sa taille mince de jeune fille, qui s'éloignait très satisfaite.

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