Le Docteur Pascal
Le Docteur Pascal (paragraphe n°445)
Chapitre III
Le dîner fut très amical. La brusque inquiétude, née au cœur de Clotilde, la rendit tendre pour son frère, qui se trouvait placé près d'elle. Gaiement, elle le soignait, le forçait à prendre les meilleurs morceaux. Deux fois, elle rappela Martine, qui passait les plats trop vite. Et Maxime, de plus en plus, était séduit par cette sœur si bonne, si bien portante, si raisonnable, dont le charme l'enveloppait comme d'une caresse. Elle le conquérait à un tel point, que, peu à peu, un projet, vague d'abord, se précisait en lui. Puisque son fils, le petit Charles, l'avait tant effrayé avec sa beauté de mort, son air royal d'imbécillité maladive, pourquoi n'emmènerait-il pas sa sœur Clotilde ? L'idée d'une femme dans sa maison le terrifiait bien, car il les redoutait toutes, ayant joui d'elles trop jeune ; mais celle-ci lui paraissait vraiment maternelle. D'autre part, une femme honnête, chez lui, cela le changerait et serait très bon. Son père, au moins, n'oserait plus lui envoyer des filles, comme il le soupçonnait de le faire, pour l'achever et avoir tout de suite son argent. La terreur et la haine de son père le décidèrent.