Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°420)

Chapitre III

Mais la gardienne rentrait. C'était une grosse fille vigoureuse, attachée spécialement au service de la folle. Elle la levait, la couchait, la faisait manger, la nettoyait, comme une enfant. Et tout de suite elle se mit à causer avec le docteur Pascal, qui la questionnait. Un des rêves les plus caressés du docteur était de traiter et de guérir les fous par sa méthode, en les piquant. Puisque, chez eux, c'était le cerveau qui périclitait, pourquoi des injections de substance nerveuse ne leur donneraient-elles pas de la résistance, de la volonté, en réparant les brèches faites à l'organe ? Aussi, un instant, avait-il songé à expérimenter la médication sur la vieille mère ; puis, des scrupules lui étaient venus, une sorte de terreur sacrée, sans compter que la démence, à cet âge, était la ruine totale, irréparable. Il avait choisi un autre sujet, un ouvrier chapelier, Sarteur, qui se trouvait depuis un an à l'Asile, où il était venu lui-même supplier qu'on l'enfermât, pour lui éviter un crime. Dans ses crises, un tel besoin de tuer le poussait, qu'il se serait jeté sur les passants. Petit, très brun, le front fuyant, la face en bec d'oiseau, avec un grand nez et un menton très court, il avait la joue gauche sensiblement plus grosse que la droite. Et le docteur obtenait des résultats miraculeux sur cet impulsif, qui, depuis un mois, n'avait pas eu d'accès. Justement, la gardienne, questionnée, répondit que Sarteur, calmé, allait de mieux en mieux.

?>