Le Docteur Pascal
Le Docteur Pascal (paragraphe n°1882)
Chapitre XIV
Mais elle préférait passer ses journées dans la salle de travail, et c'était là qu'elle revivait ses meilleurs souvenirs. Il ne s'y trouvait aussi qu'un meuble de plus, le berceau. La table du docteur était à sa place, devant la fenêtre de gauche : il aurait pu entrer et s'asseoir, car la chaise n'avait pas même été bougée. Sur la longue table du milieu, parmi l'ancien entassement des livres et desbrochures, il n'y avait de nouveau que la note claire des petits linges d'enfant, qu'elle était en train de visiter. Les corps de bibliothèque montraient les mêmes rangées de volumes, la grande armoire de chêne semblait garder dans ses flancs le même trésor, solidement close. Sous le plafond enfumé, la bonne odeur de travail flottait toujours, parmi la débandade des sièges, le désordre amical de cet atelier en commun, où ils avaient si longtemps mis les caprices de la jeune fille et les recherches du savant. Et, surtout, ce qui la touchait aujourd'hui, c'était de revoir ses anciens pastels, cloués aux murs, les copies qu'elle avait faites de fleurs vivantes, minutieusement copiées, puis les imaginations envolées en plein pays chimérique, les fleurs de rêve dont la fantaisie folle l'emportait parfois.