Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°1544)

Chapitre XI

Brusquement, Pascal s'aperçut qu'il était seul sur le quai, pendant que, là-bas, le train avait disparu, à un coude de la ligne. Alors, il n'écouta pas sa mère, il prit sa course, un galop furieux de jeune homme, monta la pente, enjamba les gradins de pierres sèches, se trouva en trois minutes sur la terrasse de la Souleiade. Le mistral y faisait rage, une rafale géante qui pliait les cyprès centenaires comme des pailles. Dans le ciel décoloré, le soleil paraissait las de tout ce vent dont la violence, depuis six jours, lui passait sur la face. Et, pareil aux arbres échevelés, Pascal tenait bon, avec ses vêtements qui avaient des claquements de drapeaux, avec sa barbeet ses cheveux emportés, fouettés de tempête. L'haleine coupée, les deux mains sur son cœur pour en contenir les battements, il regardait au loin fuir le train, à travers la plaine rase, un train tout petit que le mistral semblait balayer, ainsi qu'un rameau de feuilles sèches.

?>