Le Docteur Pascal

Le Docteur Pascal (paragraphe n°1485)

Chapitre XI

Que de fois, dans cette dernière journée, ils allèrent jusqu'à la fenêtre, attirés par la tempête, souhaitant qu'elle emportât le monde ! Pendant ces coups de mistral, le soleil ne cesse pas de luire, le ciel reste constamment bleu ; mais c'est un ciel d'un bleu livide, trouble de poussière ; et le soleil jaune est pâli d'un frisson. Ils regardaient au loin les immenses fumées blanches qui s'envolaient des routes, les arbres pliés, échevelés, ayant tous l'air de fuir dans le même sens, du même train de galop, la campagne entière desséchée, épuisée sous la violence de ce souffle toujours égal, roulant sans fin avec son grondement de foudre. Des branches cassaient, disparaissaient, des toitures étaient soulevées, charriées si loin, qu'on ne les retrouvait plus. Pourquoi le mistral ne les prenait-il pas ensemble, les jetant là-bas, au pays inconnu, où l'on est heureux ? Les malles allaient être faites, lorsqu'il voulut rouvrir un volet, que le vent venait de rabattre ; mais, par la fenêtre entrebâillée, ce fut un tel engouffrement, qu'elle dut accourir à son secours. Ils pesèrent de tout leur poids, ils purent enfin tourner l'espagnolette. Dans la chambre, les derniers chiffons s'étaient débandés, et ils ramassèrent, en morceaux, un petit miroir à main, tombé d'une chaise. Etait-ce donc unsigne de mort prochaine, comme le disaient les femmes du faubourg ?

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