Le Docteur Pascal
Le Docteur Pascal (paragraphe n°1286)
Chapitre X
La nuit, pourtant, dès qu'ils se furent couchés, Pascal sentit Clotilde fiévreuse, tourmentée d'insomnie. C'était d'habitude ainsi, aux bras l'un de l'autre, dans les tièdes ténèbres, qu'il la confessait ; et elle osa lui dire son inquiétude pour lui, pour elle, pour la maison entière. Qu'allaient-ils devenir, sans ressources aucunes ? Un instant, elle fut sur le point de lui parler de sa mère. Puis, elle n'osa pas, elle se contenta de lui avouer les démarches qu'elles avaient faites, Martine et elle : l'ancien registre retrouvé, les notes relevées et envoyées, l'argent réclamé partout, inutilement. Dans d'autres circonstances, il aurait eu, à cet aveu, un grand chagrin et une grande colère, blessé de ce qu'on avait agi sans lui, en allant contre l'attitude de toute sa vie professionnelle. Il resta silencieux d'abord, très ému, et cela suffisait à prouver qu'elle était par moments son angoisse secrète, sous cette insouciance de la misère qu'il montrait. Puis, il pardonna à Clotilde en la serrant éperdument contre sa poitrine, il finit par dire qu'elle avait bien fait, qu'on ne pouvait pas vivre plus longtemps de la sorte. Ils cessèrent de parler, mais elle le sentait qui ne dormait pas, qui cherchait comme elle un moyen de trouver l'argent nécessaire aux besoins quotidiens. Telle fut leur première nuit malheureuse, une nuit de souffrance commune, où elle, se désespérait du tourment qu'il se faisait, où lui, ne pouvait tolérer l'idée de la savoir sans pain.