La Terre

La Terre (paragraphe n°580)

Chapitre V

Mais le ton du livre changeait, il devenait lyrique, et des phrases célébraient la Révolution. C'était là que Jacques Bonhomme triomphait, dans l'apothéose de 89. Après la prise de la Bastille, pendant que les paysans brûlaient les châteaux, la nuit du 4 août avait légalisé les conquêtes des siècles, en reconnaissant la liberté humaine et l'égalité civile. " En une nuit, le laboureur était devenu l'égal du seigneur qui, en vertu de parchemins, buvait sa sueur et dévorait le fruit de ses veilles. " Abolition de la qualité de serf, de tous les privilèges de la noblesse, des justices ecclésiastiques et seigneuriales ; rachat en argent des anciens droits, égalité des impôts ; admission de tous les citoyens à tous les emplois civils et militaires. Et la liste continuait, les maux de cette vie semblaient disparaître un à un, c'était l'hosanna d'un nouvel âge d'or s'ouvrant pour le laboureur, qu'une page entière flagornait, en l'appelant le roi et le nourricier du monde. Lui seul importait, il fallait s'agenouiller devant la sainte charrue. Puis, les horreurs de 93 étaient stigmatisées en termes brûlants, et le livre entamait un éloge outré deNapoléon, l'enfant de la Révolution, qui avait su " la tirer des ornières de la licence, pour faire le bonheur des campagnes ".

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