La Terre

La Terre (paragraphe n°330)

Chapitre III

La boutique, c'était pour Elodie, à laquelle on racontait que ses parents tenaient un commerce de confiserie, si bousculés d'affaires, qu'ils ne pouvaient l'y recevoir. Du reste, les paysans ne sourirent même pas, car le mot courait à Rognes, on y disait que " la ferme aux Hourdequin, ça ne valait pas la boutique à monsieur Charles ". Et, les yeux ronds, ils regardaient le vieux chat jaune, maigri, pelé, lamentable, le vieux chat qui avait ronronné dans tous les lits de la rue aux Juifs, le chat caressé, chatouillé par les mains grasses de cinq ou six générations de femmes. Pendant si longtemps, il s'était dorloté en chat favori, familier du salon et des chambres closes, léchant les restes de pommade, buvant l'eau des verres de toilette, assistant aux choses en muet rêveur, voyant tout de ses prunelles amincies dans leurs cercles d'or !

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