La Terre

La Terre (paragraphe n°3057)

Chapitre III

Justement, cette après-midi-là, Françoise eut l'idée d'aller faucher un paquet de luzerne pour ses vaches. C'était elle d'habitude qui faisait ce travail, et elle se décidait en songeant qu'elle trouverait là-haut son homme, au labour ; car elle n'aimait guère s'y hasarder seule, dans la crainte de s'y coudoyer avec les Buteau, qui, enragés de ne plus avoir toute la pièce à eux, cherchaient continuellement de mauvaises querelles. Elle prit une faux, le cheval rapporterait le paquet d'herbe. Mais, comme elle arrivait aux Cornailles, elle eut la surprise de ne point apercevoir Jean, qu'elle n'avait pas averti du reste : la charrue était là, où pouvait-il. bien être, lui ? Et ce qui acheva de l'émotionner fortement, ce fut de reconnaître Buteau et Lise, debout devant le champ, agitant les bras, l'air furieux. Sans doute ils venaient de s'arrêter, au retour de quelque village voisin, endimanchés, les mains libres. Un instant, elle fut sur le point de tourner les talons. Puis, elle s'indigna de cette peur, elle était bien la maîtresse d'aller à sa terre ; et elle continua de s'approcher, la faux sur l'épaule.

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