La Terre
La Terre (paragraphe n°2847)
Chapitre I
Trois semaines ! Les Buteau n'avaient entendu que cela, et ils demeurèrent consternés. Que d'argent, s'il y avait tous les soirs une queue pareille de remèdes ! Le pis était que Buteau dut à son tour monter dans la carriole, pour courir chez le pharmacien de Cloyes. C'était un samedi ; la Frimat, qui revenait de vendre ses légumes, trouva Lise seule, si désolée, qu'elle piétinait, sans rien faire ; et la vieille aussi se désespéra, en apprenant l'histoire : elle n'avait jamais eu de chance, elle aurait au moins profité du médecin pour son vieux, par-dessus le marché, si cela était arrivé un autre jour. Déjà, la nouvelle s'était répandue dans Rognes, car l'on vit accourir la Trouille, effrontée ; et elle refusa de partir, avant d'avoir touché la main de son grand-père, elle retourna dire à Jésus-Christ qu'il n'était pas mort, sûrement. Tout de suite, derrière cette gourgandine, la Grande parut, envoyée évidemment par Fanny ; celle-là se planta devant le lit de son frère, le jugea à la fraîcheur de l'œil, comme les anguilles de l'Aigre ; puis, elle s'en alla, avec un froncement du nez, en ayant l'air de regretter que ce ne fût pas pour ce coup-ci. Dès lors, la famille ne se dérangea plus. Pourquoi faire, puisqu'il y avait gros à parier qu'il en réchapperait ?