La Terre
La Terre (paragraphe n°2789)
Chapitre VI
Dès lors, Lise commença à déménager, dans un coup de fureur. Depuis trois jours, elle et Buteau avaient déjà porté beaucoup de choses, les outils, les gros ustensiles, chez leur voisine, la Frimat ; et l'on comprit qu'ils s'attendaient tout de même à l'expulsion, car ils s'étaient mis d'accord avec la vieille femme, qui, pour leur donner le temps de se retourner, leur louait son chez elle, trop grand, en s'y réservant seulement la chambre de son homme paralytique. Puisque les meubles étaient vendus avec la maison, et les bêtes aussi, il ne restait à Lise qu'à emporter son linge, son matelas, d'autres menues affaires. Tout dansa par la porte et les fenêtres, jusqu'au milieu de la cour, tandis que ses deux petits pleuraient en croyant leur dernier jour venu, Laure cramponnée à ses jupes, Jules étalé, vautré en plein déballage. Comme Buteau ne l'aidait même pas, les gendarmes, braves gens, se mirent à charger les paquets dans la voiture.