La Terre
La Terre (paragraphe n°2460)
Chapitre IV
Naturellement, le conseil municipal fut saisi de la question. Le maire, Hourdequin, qui, sans pratiquer, soutenait la religion par principe autoritaire, commit lafaute politique de ne pas prendre parti, dans une pensée conciliante. La commune était pauvre, à quoi bon la grever des frais, gros pour elle, que nécessiterait la réparation du presbytère ? d'autant plus qu'il espérait ramener l'abbé Godard. Or, il arriva que ce fut Macqueron, l'adjoint, jadis l'ennemi de la soutane, qui se mit à la tête des mécontents, humiliés de n'avoir pas un curé à eux. Ce Macqueron dut nourrir dès lors l'idée de renverser le maire, pour prendre sa place ; et l'on disait, d'ailleurs, qu'il était devenu l'agent de monsieur Rochefontaine, l'usinier de Châteaudun, qui allait se porter de nouveau contre monsieur de Chédeville, aux élections prochaines. Justement, Hourdequin, fatigué, ayant à la ferme de grands soucis, se désintéressait des séances, laissait agir son adjoint ; de telle sorte que le conseil, gagné par celui-ci, vota les fonds nécessaires à l'érection de la commune en paroisse. Depuis qu'il s'était fait payer son terrain exproprié, lors du nouveau chemin, après avoir promis de le céder gratuitement, les conseillers le traitaient de filou, mais lui témoignaient une grande considération. Lengaigne seul protesta contre le vote qui livrait le pays aux jésuites. Bécu aussi grognait, expulsé du presbytère et du jardin, logé maintenant dans une masure. Pendant un mois, des ouvriers refirent les plâtres, rendirent des vitres, remplacèrent les ardoises pourries ; et c'était ainsi qu'un curé, enfin, avait pu s'installer la veille dans la petite maison, badigeonnée à neuf.