La Terre
La Terre (paragraphe n°1899)
Partie : TROISIEME PARTIE, chapitre V
Vers onze heures, lorsque les deux voisines furent parties, Françoise dit à Buteau qu'il ferait mieux de monter se reposer au fenil. Elle, pour la nuit, avait jeté par terre un matelas, où elle comptait s'étendre, de façon à ne pas quitter sa sœur. Il ne répondit point, il acheva silencieusement sa pipe. Un grand calme s'était fait, on n'entendait que la respiration forte de Lise endormie. Puis, comme Françoise s'agenouillait sur son matelas, au pied même du lit, dans un coin d'ombre, Buteau, toujours muet, vint brusquement la culbuter par derrière. Elle seretourna, comprit aussitôt à son visage contracté et rouge. Ça le reprenait, il n'avait pas lâché son idée de l'avoir ; et fallait croire que ça le travaillait rudement fort, tout d'un coup, pour qu'il voulût d'elle ainsi, à côté de sa femme, après des choses qui n'étaient guère engageantes. Elle le repoussa, le renversa. Il y eut une lutte sourde, haletante.