La Joie de vivre
La Joie de vivre (paragraphe n°984)
Chapitre V
Véronique, étonnée elle-même du son de sa voix, voulant rattraper cette confidence qu'elle retenait depuis si longtemps, cherchait une explication, un mensonge, sans rien trouver de raisonnable. Elle s'était emparée des poignets de Pauline, par précaution ; mais celle-ci, brusquement, se dégagea d'une secousse, et se jeta dans l'escalier comme une folle, si étranglée, si convulsée de colère, que la bonne n'osa la suivre, tremblante devant ce masque blanc, qu'elle ne reconnaissait plus. La maison semblait dormir, un silence tombait des étages supérieurs, seul le hurlement de Chanteau montait, au milieu de l'air mort. La jeune fille d'un élan arrivait au premier, lorsqu'elle se heurta contre sa tante. Celle-ci était là, debout, barrant le palier ainsi qu'une sentinelle, aux aguets depuis longtemps peut-être.