La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°457)

Chapitre III

D'autres inquiétudes agitèrent la famille. L'usine du Trésor était bâtie, on essayait depuis huit jours les appareils, qui donnaient des résultats déplorables. Lazare dut s'avouer qu'il avait mal combiné certaines pièces. Il se rendit à Paris, pour consulter son maître Herbelin, et il revint désespéré : tout devait être refait, le grand chimiste avait déjà perfectionné sa méthode, ce qui modifiait absolument les appareils. Cependant, les soixante mille francs étaient mangés, Boutigny refusait de mettre un sou de plus : du matin au soir, il parlait amèrement des gaspillages, avec la ténacité insupportable de l'homme pratique qui triomphe. Lazare avait des envies de le battre. Il aurait peut-être tout planté là, sans l'angoisse qu'il éprouvait, à l'idée de laisser dans ce gouffre les trente mille francs de Pauline. Son honnêteté, sa fierté se révoltaient : c'était impossible, il devait trouver de l'argent, on ne pouvait abandonner ainsi une affaire qui rendrait plus tard des millions.

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