La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°2277)

Chapitre XI

Dans la cuisine, lorsqu'elle eut tourné le ragoût et préparé la broche, elle bouscula les casseroles d'impatience. Les voix de Louise et de Lazare lui arrivaient à travers le plafond, de plus en plus hautes, et elle se désespérait, en pensant qu'on devait les entendrede la terrasse. Vraiment, ils étaient peu raisonnables de crier comme des sourds, de faire à tout le monde la confidence de leur désunion. Pourtant, elle ne voulait pas monter ; d'abord, elle avait le dîner à faire ; ensuite, elle éprouvait un malaise, à l'idée d'aller se mettre ainsi entre eux, jusque dans leur chambre. D'habitude, elle les réconciliait en bas, aux heures de vie commune. Un instant, elle passa dans la salle à manger, où elle s'occupa du couvert avec bruit. Mais les voix continuaient, elle ne put supporter davantage la pensée qu'ils se rendaient malheureux ; et elle monta, poussée par cette charité active qui faisait du bonheur des autres son existence à elle.

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