La Joie de vivre
La Joie de vivre (paragraphe n°1839)
Chapitre IX
Le lendemain, Pauline descendit à son heure habituelle. Seule, la meurtrissure de ses paupières aurait pu révéler les tourments de la nuit. Elle était pâle et très calme. Lorsque Lazare parut à son tour, il expliqua simplement son air de lassitude, en disant à son père qu'il avait travaillé tard. La journée s'écoula dans les occupations accoutumées. Ni l'un ni l'autre ne fit une allusion à ce qui s'était passé entre eux, même quand ils se retrouvèrent ensemble, loin des yeux et des oreilles. Ils ne se fuyaient pas, ils semblaient certains de leur courage. Mais, le soir, comme ils se souhaitaient une bonne nuit dans le corridor, devant leurs portes, ils tombèrent follement aux bras l'un de l'autre, ils se donnèrent un baiser à pleine bouche. Et Pauline s'enferma, épouvantée, tandis que Lazare s'enfuyait aussi et allait se jeter sur son lit en pleurant.