La Joie de vivre
La Joie de vivre (paragraphe n°1779)
Chapitre IX
Un autre jour, du côté de Verchemont, comme ils suivaient un sentier, à travers des champs de betteraves,ils s'arrêtèrent, surpris de voir fumer un toit de chaume. C'était un incendie, le soleil tombant d'aplomb empêchait d'apercevoir les flammes ; et la maison brûlait seule, portes et fenêtres closes, pendant que les paysans devaient travailler aux environs. Aussitôt, ils quittèrent le sentier, ils coururent et crièrent ; mais ils firent seulement envoler des pies, qui jacassaient dans des pommiers. Enfin, d'une pièce lointaine de carottes, une femme coiffée d'un mouchoir sortit, regarda un instant, puis galopa dans les terres labourées, d'un galop furieux, à ce casser les jambes. Elle gesticulait, elle hurlait un mot, qu'on ne pouvait distinguer, tellement il s'étranglait dans sa gorge. Elle tomba, se releva, tomba encore, repartit, les mains saignantes. Son mouchoir s'était envolé, ses cheveux nus se dénouaient au soleil.