La Joie de vivre
La Joie de vivre (paragraphe n°1689)
Chapitre VIII
Pauline fit sa malle dans la matinée, sans trouver la force d'annoncer son départ à Chanteau. Cependant, le soir, il fallut tout lui dire, car le docteur Cazenove devait venir la chercher le lendemain et la mener lui-même chez sa parente. Lorsqu'il eut compris, l'oncle, bouleversé, leva ses pauvres mains infirmes, dans un geste fou, comme pour la retenir ; et il bégayait, il la suppliait. Elle ne ferait jamais ça, elle ne le quitterait pas, car ce serait un meurtre, il en mourrait à coup sûr. Puis, quand il la vit s'entêter doucement et qu'il devina ses raisons, il se décida à confesser le tort qu'il avait eu de manger duperdreau la veille. Des pointes légères le brûlaient déjà aux jointures. C'était toujours la même histoire, il succombait dans la lutte : mangerait-il ? souffrirait-il ? et il mangeait, certain de souffrir, à la fois contenté et terrifié. Mais elle n'aurait pas le courage peut-être de l'abandonner, au beau milieu d'un accès.