La Joie de vivre
La Joie de vivre (paragraphe n°1686)
Chapitre VIII
Alors, la jalousie la reprit aux entrailles, devant les tableaux que son excitation déroulait toujours. Elle voulait vivre, et vivre complètement, faire de la vie, elle qui aimait la vie ! A quoi bon être, si l'on ne donne pas son être ? Elle voyait les deux autres, une tentation de balafrer sa nudité lui faisait chercher ses ciseaux du regard. Pourquoi ne pas couper cette gorge, briser ces cuisses, achever d'ouvrir ce ventre et faire couler ce sang jusqu'à la dernière goutte ? Elle était plus belle que cette maigre fille blonde, elle était plus forte, et lui ne l'avait pas choisie cependant. Jamais elle ne le connaîtrait, rien en elle ne devait plus l'attendre, ni les bras, ni les hanches, ni les lèvres. Tout pouvait être jeté à la borne, comme un haillon vide. Etait-ce possible qu'ils fussent ensemble, lorsqu'elle restait seule à grelotter de fièvre, dans cette maison froide !