La Joie de vivre
La Joie de vivre (paragraphe n°1162)
Chapitre VI
Pauline avait entendu. Elle se tourna, frappée au cœur, et regarda Véronique. Au lieu de s'avancer, elle se reculait davantage, ayant honte pour sa tante de ce soupçon abominable. Une détente se produisait en elle, il lui venait une grande pitié, en face de cette malheureuse ravagée de peur et de haine ; et, loin d'en éprouver une nouvelle rancune, elle se sentit débordée d'un attendrissement douloureux, lorsqu'en se baissant elle aperçut sous le lit les médicaments que la malade y jetait, par crainte du poison. Jusqu'au soir, elle montra une douceur vaillante, elle ne parut même pas s'apercevoir des regards inquiets qui étudiaient ses mains. Son ardent désir était de vaincre par ses bons soins les terreurs de la moribonde, de ne pas lui laisser emporter dans la terre cette pensée affreuse. Elle défendit à Véronique d'effrayer Lazare davantage, en lui contant l'histoire.