La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1151)

Chapitre VI

La première nuit venait d'être dure pour Pauline. A demi allongée dans un fauteuil, elle n'avait pu dormir, les oreilles bourdonnantes du souffle fort de la mourante. Dès quelle s'assoupissait, il lui semblait que ce souffle ébranlait la maison et que tout allait craquer. Puis, les yeux ouverts, elle était prise d'oppression, elle revivait les tourments qui avaient gâté sa vie, depuis quelques mois. Même à côté de ce lit de mort, la paix ne se faisait pas en elle, il lui était impossible de pardonner. Dans le demi-cauchemar de la veillée lugubre, elle souffrait surtout des confidences de Véronique. Ses violences de jadis, ses rancunes jalouses, s'éveillaient aux détails qu'elle remâchait péniblement. Ne plus être aimée, mon Dieu ! se voir trahie par ceux qu'on aime ! se retrouver seule, pleine de mépris et de révolte ! Sa plaie rouverte saignait, jamais elle n'avait senti à ce point l'injure de Lazare. Puisqu'ils l'avaient tuée, les autres pouvaient mourir. Et sans cesse le vol de son argent et de son cœur recommençait, dans l'obsession du souffle fort de sa tante, qui finissait par lui casser la poitrine.

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