La Joie de vivre
La Joie de vivre (paragraphe n°1132)
Chapitre VI
Madame Chanteau, irritée, gronda qu'on la bousculait. Elle ne pouvait faire un mouvement, sans étouffer aussitôt ; et elle demeura une minute haletante, le visage terreux. Lazare s'était reculé derrière les rideaux du lit, afin de cacher son désespoir. Pourtant, il resta encore, pendant que Pauline frictionnait les jambes de la malade, avec la teinture de digitale. Il détournait la tête, mais un besoin de voir ramenait ses regards sur ces jambes monstrueuses, ces paquets inertes de chair blafarde, dont la vue achevait de l'étrangler d'angoisse. Quand sa cousine l'aperçut si défait, elle crut prudent de le renvoyer. Elle s'approcha, et comme madame Chanteau s'endormait, très lasse d'avoir été simplement changée de place, elle dit tout bas :