La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1056)

Chapitre VI

Pauline, de son côté, attendait qu'il s'excusât. Dans sa première révolte, elle s'était juré d'être sans pardon. Ensuite, elle avait souffert secrètement de n'avoir pas à pardonner. Pourquoi se taisait-il, l'air fiévreux, toujours dehors, comme s'il avait craint de rester seul avec elle ? Elle était prête à l'entendre, à oublier tout, s'il montrait seulement un peu de repentir. L'explication espérée ne venant pas, sa tête travaillait, elle passait d'une hypothèse à une autre, tandis qu'une fierté la tenait silencieuse ; et, à mesure que les jours pénibles coulaient avec lenteur, ellearrivait à se vaincre, au point de retrouver son attitude de fille active ; mais ce beau calme courageux cachait une torture de toutes les minutes, elle sanglotait dans sa chambre, le soir, étouffant ses cris au fond de son oreiller. Personne ne parlait du mariage, bien que tout le monde y songeât, visiblement. L'automne approchait, qu'allait-on faire ? Chacun évitait de se prononcer, on paraissait renvoyer la décision à plus tard, lorsqu'on oserait en causer de nouveau.

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