La Fortune des Rougon
La Fortune des Rougon (paragraphe n°875)
Partie : Préface, chapitre V
Le lendemain, dès qu'il entendit l'enfant poser sa cruche, il ouvrit doucement la porte, dont il déblaya d'une poussée le seuil couvert de longues herbes. En allongeant la tête, il aperçut Miette penchée sur la margelle, regardant dans le puits, tout absorbée par l'attente. Alors, il gagna en deux enjambées l'enfoncement formé par le mur, et, de là, il appela : " Miette ! Miette ! " d'une voix adoucie qui la fit tressaillir. Elle leva la tête, le croyant sur le chaperon du mur. Puis, quand elle le vit dans le Jas,à quelques pas d'elle, elle eut un léger cri d'étonnement, elle accourut. Ils se prirent les mains ; ils se contemplaient, ravis d'être si près l'un de l'autre, se trouvant bien plus beaux ainsi, dans la lumière chaude du soleil. C'était la mi-août, le jour de l'Assomption ; au loin les cloches sonnaient, dans cet air limpide des grandes fêtes, qui semble avoir des souffles particuliers de gaietés blondes.