La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°598)

Partie : Préface, chapitre IV

La vie du jeune homme resta celle de l'enfant. Ce fut dans ce coin perdu qu'il fit tenir toute son existence. Il éprouvait les répugnances de son père pour les cabarets et les flâneries du dimanche. Ses camarades blessaient ses délicatesses par leurs joies brutales. Il préférait lire, se casser la tête à quelque problème bien simple de géométrie. Depuis que tante Dide le chargeait des petites commissions du ménage, elle ne sortait plus, elle vivait étrangère même à sa famille. Parfois, le jeune homme songeait à cet abandon ; il regardait la pauvre vieille qui demeurait à deux pas de ses enfants, et que ceux-ci cherchaient à oublier, comme si elle fût morte ; alors il l'aimait davantage, il l'aimait pour lui et pour les autres. S'il avait, par moments, vaguement conscience que tanteDide expiait d'anciennes fautes, il pensait : " Je suis né pour lui pardonner. "

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