La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°361)

Partie : Préface, chapitre III

Quand la vieille femme eut terminé sa lecture, elle était convaincue. Toute la pensée d'Eugène lui apparut clairement. Il comptait faire sa fortune politique dans la bagarre, et, du coup, payer à ses parents la dette de son instruction en leur jetant un lambeau de la proie, à l'heure de la curée. Pour peu que son père l'aidât, se rendît utile à la cause, il lui serait facile de le faire nommer receveur particulier. On ne pourrait rien lui refuser, à lui qui aurait mis les deux mains dans les plus secrètes besognes. Ses lettres étaient une simple prévenance de sa part, une façon d'éviter bien des sottises aux Rougon. Aussi Félicité éprouva-t-elle une vive reconnaissance. Elle relut certains passages des lettres, ceux dans lesquels Eugène parlait en termes vagues de la catastrophe finale. Cette catastrophe, dont elle ne devinait pas bien le genre ni la portée, devint pour elle une sorte de fin du monde : Dieu rangerait les élus à sa droite et les damnés à sa gauche, et elle se mettait parmi les élus.

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