La Fortune des Rougon
La Fortune des Rougon (paragraphe n°1504)
Partie : Préface, chapitre VI
Et Granoux, dans la foule, recevait des félicitations et des poignées de main. On connaissait l'histoire du marteau. Seulement, par un mensonge innocent, dont il n'eut bientôt plus conscience lui-même, il prétendit qu'ayant vu les insurgés le premier, il s'était mis à taper sur la cloche, pour sonner l'alarme ; sans lui, les gardes nationaux se trouvaient massacrés. Cela doubla son importance. Son exploit fut déclaré prodigieux. On ne l'appela plus que : " monsieur Isidore, vous savez ? le monsieur qui a sonné le tocsin avec un marteau ! " Bien que la phrase fût un peu longue, Granoux l'eût prise volontiers comme titre nobiliaire ; et l'on ne put désormais prononcer devant lui le mot " marteau ", sans qu'il crût à une délicate flatterie.