La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°617)

Partie : Livre 1, chapitre XIV

Quand l'horloge, avant de sonner l'heure, grinça, d'une voix arrachée, l'abbé Mouret eut un frisson. Il n'avait pas senti la fraîcheur de l'église lui tomber sur les épaules. Maintenant, il grelottait. Comme il se signait, un rapide souvenir traversa la stupeur de son réveil ; le claquement de ses dents lui rappelait les nuits passées sur le carreau de sa cellule, en face du Sacré-Cœur de Marie, le corps tout secoué de fièvre. Il se leva péniblement,mécontent de lui. D'ordinaire, il quittait l'autel, la chair sereine, avec la douceur du souffle de Marie sur le front. Cette nuit-là, lorsqu'il prit la lampe pour monter à sa chambre, il lui sembla que ses tempes éclataient : la prière était restée inefficace, il retrouvait, après un court soulagement, la même chaleur grandie depuis le matin de son cœur à son cerveau. Puis, arrivé à la porte de la sacristie, au moment de sortir, il se tourna, il éleva la lampe, d'un mouvement machinal, cherchant à voir une dernière fois la grande Vierge. Elle était noyée sous les ténèbres descendues des poutres, enfoncée dans les feuillages, ne laissant passer que la croix d'or de sa couronne.

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