La Faute de l'Abbé Mouret
La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°439)
Partie : Livre 1, chapitre XI
Elle courut au tas de fumier, trouva un ver qu'elle prit sans dégoût. Les poules se jetaient sur ses mains. Mais elle, tenant le ver très haut, s'amusait de leur gloutonnerie. Enfin, elle ouvrit les doigts. Les poules se poussèrent, s'abattirent ; puis, une d'elles se sauva, poursuivie par les autres, le ver au bec. Il fut ainsi pris, perdu, repris, jusqu'à ce qu'une poule, donnant un grand coup de gosier, l'avalât. Alors, toutes s'arrêtèrent net, le cou renversé, l'œil rond, attendant un autre ver. Désirée, heureuse, les appelait par leurs noms, leur disait des mots d'amitié ; tandis que l'abbé Mouret reculait de quelques pas, en face de cette intensité de vie vorace.